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L'école comme nous la connaissons, a été conçue au 19e siècle durant l'industrialisation. Les étudiants étaient formés comme des ouvriers à effectuer un travail répétitif, placés en rangées et autorisés à s'exprimer en levant la main. Ces élèves étaient formés pour travailler dans de grandes usines où manquait la main-d’œuvre. Ces méthodes fonctionnaient certainement à l'époque, mais aujourd'hui, 200 ans plus tard, il est plus que temps de changer.

Faisons maintenant un saut dans le temps. Si l’on se fie à ce qui se passe maintenant, il est certain que d’ici 50 ans, les robots nous remplaceront dans d'innombrables métiers et nous dépasserons dans plusieurs domaines. Nous devrons être prêts à cette éventualité et pour ce faire être formés en conséquence. Qu'est-ce qui nous démarque d'une machine en tant qu'être humain?

Notre formation ne doit plus être basée sur la répétition et l'accumulation de connaissances, mais bien sur le développement de la pensée critique et créative. Bien que la jeunesse ne constitue que 16% de notre population selon l'ONU [1], elle correspond certainement à 100% de notre avenir. Les valeurs du système éducatif d'aujourd'hui annoncent notre société de demain et c'est pourquoi on doit intervenir dès maintenant.

L'école devrait développer et stimuler le meilleur de chacun d'entre nous. Tels des jardiniers, les enseignants de l'école entretiennent des jeunes pousses et contribuent à leur épanouissement intellectuel. L'école est en soi, la meilleure serre pour faire grandir et évoluer les jeunes de notre société.

Nous ne pouvons plus rester bâillonnés, il est temps qu’on nous permette de s'exprimer. On parle de notre école dans les médias comme une école internationale modèle. Mais à notre avis, nous sommes loin d'une éducation modèle. C'est après avoir rencontré enseignants et élèves d'une autre école IB que nous avons pu constater la distance entre l'école Internationale [REDACTED] et le profil de l'apprenant. Voici selon nous, un aperçu des problèmes principaux à notre école.

  1. Notre école ne répond pas à nos besoins, nous ne sommes pas entendus. Que ce soit pour les activités, les intérêts généraux ou même la satisfaction par rapport au programme, l’administration ne consulte jamais les élèves. Les changements proposés par le conseil étudiant portent rarement fruit. Certains projets importants sont restés lettre morte depuis la création même de l’école. La communication existe-t-elle vraiment à notre école?


  2. Élèves, vous est-il déjà arrivé de vous retrouver à couper sommeil, sports, passions ou temps en famille pour du travail scolaire? C'est peut-être même votre quotidien. On préconise pourtant l'équilibre dans la vie des étudiants à l'IB, mais à l'école c'est une nage en eau libre: plusieurs finiront noyés ou naufragés du système scolaire. Il est essentiel d'apprendre aux étudiants comment trouver le juste équilibre dans toutes les sphères de leur vie. Ce n'est toutefois pas ce qu'on enseigne de nos jours, c'est pourquoi il faut agir!


  3. Venir à l’école, c’est encore aujourd’hui pour plusieurs, synonyme de gris et de terne. Selon Laurence Crevier-Braud, doctorante en psychologie à L'UQAM [2], l’épuisement professionnel ainsi que le bien-être humain sont directement liés à notre environnement de travail. Comment peut-on bien grandir en apprenant dans une classe que plusieurs comparent à une prison?


  4. Nous perdons notre motivation, perdons notre intérêt à apprendre. L’uniformité des cours vient à bout de l’enthousiasme des meilleurs d’entre nous. Écrasés par un rythme monotone et terne, nombreux sont les élèves qui traversent des journées vides de sens. Beaucoup trop d’enseignants donnent travaux et examens uniquement pour mettre une note au bulletin. Il est temps d’apercevoir ce manque d’objectifs concrets et de changer la dynamique de l'apprentissage.


  5. Notre définition du succès, ici à l’école [REDACTED], diffère complètement de la réussite selon l’IB. Est-il sain de drainer son énergie chaque semaine afin d’obtenir un sept sur huit pour rester dans le club des 90 et plus? La culture des notes à laquelle nous sommes soumis est dépassée. Comment peut-on garder notre intégrité et notre curiosité lorsqu'on cultive les jeunes pousses sous pression et avec anxiété?


En général, notre école, notre milieu de vie est fort loin d'une école IB idéale. Avec la croissance imminente du nombre d'étudiants, il est primordial de penser à des solutions concrètes. Nous ne pouvons plus rester ligotés, il est temps d'agir. On ne peut plus repousser la date de la nouvelle réforme. Dans dix ans, il sera trop tard. Nous devons réfléchir à des solutions, que ce soit à court, moyen ou long terme, dès maintenant !

  1. Il est essentiel d'être à l'écoute des élèves, de les consulter et de leur donner plus d'opportunités de s'exprimer. Un premier pas serait de mettre en place des réunions mensuelles avec les membres du conseil des étudiants où les échanges pourraient certainement porter fruit. De meilleures décisions pour son école commence avec l'écoute de ses élèves. Consultation et communication doivent aussi intéresser enseignants et enseignantes. En 2021, un calendrier numérique, pour examens et remises de travaux, accessible à tous les enseignants d’un niveau est plus que nécessaire.


  2. On devrait ensuite, mieux structurer les étapes pour éviter les surcharges de travail. Deux étapes au lieu de trois par exemple, donneraient plus de temps aux enseignants de nous évaluer et aux élèves d'assimiler la matière ainsi que de remettre leurs travaux avec beaucoup moins de pression anxiogène. La charge de travail et d'examens devrait être mieux équilibrée pour éviter les grandes inégalités d'une semaine à l'autre. Des règlements limitant les remises de travaux et les examens par cycle devraient également être mis en place. Laisser les portes de l’école ouvertes après les heures de cours fournirait également un espace de travail qui aiderait énormément les étudiants en situation difficile.


  3. Vous avez rénové cafétéria, annexe et agora, vous avez mis en place forêts, collines et terrains sportifs, alors pourquoi on ne peut y accéder pour apprendre? Il nous semble primordial de mieux utiliser les nouveaux environnements de l'école. Sortir de sa classe ne doit plus être une exception, mais faire partie du quotidien. On doit également donner de la vie à nos classes: les élèves doivent s'engager et donner à leurs locaux une nouvelle allure, les personnaliser, les animer, les décorer, etc. Avec l’expansion imminente de notre établissement, il devient nécessaire de mieux utiliser nos espaces et de les décorer à la saveur de la vie étudiante.


  4. Nous devons briser la monotonie de notre quotidien. Venir à l'école doit être stimulant et motivant. On peut y arriver en offrant des cours spécialisés au choix qui aideraient les élèves à s'initier à des sujets qui les passionnent (activisme, psychologie, initiation au droit, arts…) et divers sujets pertinents pour l'avenir. Ce genre de cours, à l'intérieur du cursus, donnerait une raison aux étudiants de continuer à apprendre avec joie.


  5. Finalement, on doit parler de l'anxiété répandue chez de nombreux étudiants. En encourageant les enseignants à être flexible sur les échéances, on limiterait fortement la propagation de ce problème. Baser les notes des élèves sur le formatif au lieu de l'évaluation aiderait dans la même direction. Nous devons apprendre à utiliser les outils qu'on nous enseigne pour résoudre des situations complexes et non pour répéter des notions apprises par cœur au moment des tests. Il est tout aussi nécessaire de bâtir une meilleure relation entre élèves et enseignants. Une ambiance chaleureuse et amicale aiderait grandement à lutter contre ce fléau qu’est l’anxiété.

Agissons dès maintenant !

Élèves, donnez une chance à votre école et soyez engagés dans votre milieu. Votre communauté miroitera votre engagement. Continuez à vous battre pour votre droit à un enseignement de qualité et pour le respect de vos initiatives créatrices.

Enseignants, levez les yeux sur vos classes. Sortez des sentiers battus et faites preuve d'audace. Vous êtes le gouvernail des étudiants, ne les laissez pas tomber. L'intérêt et l'énergie de vos classes sont à l'image de votre propre engagement. Nous avons besoin de votre soutien.

La direction, ne restez pas fermée. Soyez à l'écoute de vos élèves et motivez-les tout au long de leur parcours scolaire. Connaissez les mieux, rendez-vous plus disponible, vous verrez certainement une amélioration dans vos rencontres avec les élèves. Encouragez les initiatives de vos enseignants et de vos étudiants. Il est temps d'arrêter de couper les ailes des rêveurs.

Nous ne demandons pas beaucoup, seulement de s'adapter au monde de demain. Le système d'éducation doit changer et c'est en commençant ici, au PÉI, qu'on inspirera d'autres communautés.



RÉFÉRENCES

1. Les jeunes. (10 juillet 2019). Un.org. https://www.un.org/fr/sections/issues-depth/youth-0/index.html#:~:text=On%20compte%20aujourd’hui%201,16%25%20de%20la%20population%20mondiale

2. Crevier-Braud, L. (juillet 2016). L'INFLUENCE DE L'ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL SUR LE BIEN-ÊTRE ET LA PERFORMANCE AU TRAVAIL : LE RÔLE MÉDIATEUR DES BESOINS PSYCHOLOGIQUES. https://archipel.uqam.ca/8944/1/D3118.pdf